Entretiens
22/09/2023

Portrait MOF Camille Jacquot : « le but c’est de partager ! »

camille jacquot entretien mof fr

Depuis bientôt 100 ans, le titre de Meilleur Ouvrier de France est décerné à des professionnels maîtrisant des savoir-faire variés, dans les domaines du bâtiment, du luxe, de l’industrie ou encore de la cuisine. Largement reconnu par les spécialistes et le grand public, ce titre est décerné, à vie, aux candidats récompensés.

Rencontre avec l’un des 6 lauréats de la 27ème édition : Camille Jacquot, compagnon-couvreur originaire de Champagne-Ardenne. Ceci est la troisième entretien de notre série de six. Chaque vendredi, nous en publierons une. Restez attentifs !

CUPA PIZARRAS – Pourquoi tenter le concours MOF ?

Camille Jacquot – J’adore le challenge et j’aime mon métier : utiliser des matériaux différents, pousser les raccords…. Cela m’a encouragé à améliorer ma pratique et m’a rappelé ce que j’ai vécu lorsque j’étais Compagnon, sur le Tour de France, avec la réalisation du « chef d’œuvre ».

CP – Comment avez-vous abordé le sujet de la maquette ?

CJ – J’ai commencé à travailler dès que j’ai eu le cahier des charges entre les mains ! Je n’ai pas attendu de savoir si j’avais réussi les épreuves de qualification. J’ai réalisé la maquette en 3D, à l’aide d’un logiciel de dessin. Le sujet ne comprend que des plans avec des cotes finies, il faut donc tout déconstruire sur le papier en amont pour déduire les épaisseurs de matériaux, la taille de la charpente et de la structure globale. Cela permet aussi d’anticiper le travail et notamment les raccords.

Baptiste Petit et Camille Jacquot

Il y avait des techniques que je n’avais jamais expérimentées sur un chantier (les parties cintrée côté ardoise et courbe côté cuivre) et j’ai beaucoup apprécié de les réaliser sur cet exercice.

CP – Comment tenir le rythme de cette année infernale ?

CJ – J’ai essayé de garder mes dimanches au début pour me reposer, mais cela n’a plus été possible les 4 derniers mois ! Il faut réussir à garder le cap car on continue de travailler en parallèle. J’ai connu des moments de doute et de creux : c’est très long ! Je me suis beaucoup raccroché aux normes du métier fournies dans les DTU (Document Technique Unifié) et les avis techniques. C’était ma Bible !

Pendant que je faisais ma maquette, j’étais formateur dans un CFA et j’avais des apprentis qui suivaient mon travail, qui trouvaient ma maquette jolie, cela m’a fait plaisir, m’a encouragé. J’espère que cela leur donnera envie de tenter un jour l’expérience à leur tour.

CP – Qu’attendez-vous de ce titre pour la suite de votre carrière ?

CJ – Déjà je suis content que le concours soit terminé ! C’est un soulagement. J’ai vraiment adoré cette expérience, mais je ne m’attendais pas y consacrer à autant de temps.

A présent, cela va m’apporter des contacts, une reconnaissance au niveau du métier, mais je l’ai surtout fait pour le dépassement de soi. Après il faut également en être digne car c’est un titre à porter toute sa vie, qui nous oblige !

Aujourd’hui, je veux m’investir dans le collectif MOF participer à la reconnaissance de ce concours et transmettre mon métier. Le but c’est de partager ! Dans cet optique, la maquette va être exposée à la Fédération Française du Bâtiment à Lille. J’en suis très heureux :

Je préfère qu’elle voyage afin de donner envie aux plus jeunes, quitte à être un peu abîmée, plutôt qu’elle reste dans mon jardin sans la possibilité d’être vue !

document iconCeci est la deuxième entrevue de la série des portraits MOF. Nous en publierons une nouvelle chaque vendredi. Restez attentifs !

* Propos recueillis par Orianne Masse